En cette fin d’année 2023, le Mégaphone Tour annonce sa fermeture et la fin de son accompagnement d’artistes émergent.e.s.
Caroline Guaine, directrice et fondatrice du projet Mégaphone Tour, a annoncé en ce mois d’octobre, conjointement avec son équipe et son conseil d’administration, de façon unanime, réfléchie et désirée de mettre fin à toutes ses actions.
Créée en 2009, cette association a soutenu la découverte artistique et l’accès à la culture au plus grand nombre en allant directement à la rencontre du public au plus près de chez lui. Après treize années d’existence, sa directrice a choisi de prendre un nouveau tournant dans sa carrière, mettant fin à cette belle aventure en février 2024.
Le projet prendra fin à la suite de la tournée bonus, avec les artistes : Couturier, Jaco et la marraine Petite Gueule. Elle tournera dans toute la France, de fin janvier à début février et clôturera la saison 2022-2024.
L’appel à candidature lancé en août 2023 annonçant le début de la saison 2024-2026 est annulé et se clôturera plus tôt que prévu le 5 octobre et n’aboutira pas à une sélection et un accompagnement. Cependant l’équipe du Mégaphone Tour prendra le temps d’écouter toutes les candidatures transmises, afin d’établir une sélection et de la partager à son réseau musical : réseaux régionaux de musiques actuelles, tourneurs, labels …
Le mot de Caroline Guaine, directrice et fondatrice du Mégaphone Tour
13 ans ! Fou ! Voire 17 ans si je comptabilise les débuts de mon café-concert, un temps que je n’aurai pas vu passer !
Le Mégaphone Tour, aujourd’hui, se porte bien et je suis très fière et heureuse des valeurs de diversité, d’inclusion et d’émergence que nous avons portées ; fière aussi d’avoir défendu et fait une place à l’intérêt général dans cette économie de marché de la musique qui n’a de cesse de se concentrer.
Mais « je suis venue te dire que je m’en vais »
Dans les temps prochains, il faudrait déployer encore beaucoup d’énergie et de moyens pour porter plus haut le Mégaphone Tour, là où j’aspire à titre personnel à ralentir et à jouir de mon temps.
La nature a horreur du vide, je sais que d’autres projets vont voir le jour. Un souhait : j’espère à l’apparition de modèles plus vertueux, qui iront dans le sens de la relocalisation, le ralentissement et la diminution des échelles.
Au fil de ces années, je suis heureuse des collaborations qui se sont nouées, des rencontres et des amitiés qui se sont liées, toutes m’ont apporté.
Je tiens particulièrement à remercier toutes et tous les artistes que nous avons eu plaisir à accompagner et qui nous ont fait confiance ; les lieux qui nous ont ouverts leurs portes et avec lesquels nous avons tant partagé, nos partenaires sans qui l’aventure n’aurait pas existé. Je pense au CNM, la Sacem, La Région Ile de France, la Drac Ile de France, la Fondation InterFrequence, l’Ecole Nationale de la Chanson, le Festival en Chanson de Petite-Vallée, Musicaction, Emmaüs France, l’association Aurore ; et notre Conseil d’Administration qui nous a soutenu en toutes occasions. Merci mille fois : Elodie Mermoz, Eric Seyvos, Johann Le Bihan, Maylis Pioux, Jean-Luc Bonaventure, Olivier Bas, Marion Richeux et Maguelone Catala.
Nous avons toujours eu des femmes et des hommes talentueux.ses et investi.e.s au sein du Mégaphone Tour, je pense notamment à Maïlise Valade, Magali Leroux, Karine Christophe, Laurine Bocq, Soona Koite et et nos techniciens Simon Gérasse, Valentin Pirio et Nicolas Lamour..
Mais c’est vrai que l’équipe que nous avons aujourd’hui au Mégaphone est l’une des meilleures que je n’ai jamais eue, compétente, efficace et soudée. Elles m’ont portée dans nos aventures, donc merci mille fois Marie Galon, Jeanne Sévin et Esther Santurenne.
Un remerciement infini à celle qui aura été mon binôme ces 8 dernières années, Marie Lépicier, nous n’en serions pas là sans toi !
Cet aurevoir est joyeux, il clôt une belle aventure humaine que j’aurais partagée avec chacun d’entre vous. On se revoit lors de notre dernière tournée de fin janvier !
Contexte économique du secteur associatif
Le Mégaphone Tour est porté par l’association loi 1901, reconnue d’intérêt général, nommé le Décor de l’Envers. Ce projet n’a existé que grâce à l’implication de tous et à la volonté de le financer. Faisant de sa priorité l’accès à la culture au plus grand nombre, le projet a plafonné le prix de vente de ces plateaux d’artistes émergent.e.s, permettant depuis des années à des cafés-concerts et associations de les accueillir. De ce fait, le projet ne génère que peu de recettes d’activités et n’est donc pas autonome financièrement.
Bien que soutenu par de nombreux organismes comme la Sacem, la Région Ile-de-France, le CNM et la DRAC Ile de France, l’existence du dispositif est néanmoins remise en cause chaque année : demandes de subventions annuelles avec l’incertitude de leur obtention et de leur montant, longs délais de versement des aides, absence d’avance de paiement, disparition des emplois aidés, tendance à la diminution des subventions, disparitions de certains financeurs, modification de budget, des plans de financement, etc…
Ces différentes sources de revenus couvrent tout juste les dépenses, elles ne permettent pas de pérenniser les emplois et donc de professionnaliser ces actions.
Cette économie précaire et incertaine vécue par beaucoup d’associations, les pousse à diversifier leurs activités pour générer d’autres sources de revenus. Ces nouveaux projets impliquent de nouvelles embauches, mais celles-ci sont finalement restreintes par les apports financiers qui ne suivent pas. Une économie qui pousse les salariés et les dirigeants des associations à épuiser leurs ressources.
Merci à nos partenaires
Région Ile de France, CNM, Sacem, Festival de la chanson de Petite-Vallée, Ecole nationale de la chanson, musicaction, Association Emmaüs, Association Aurore.